Eleonor n'avait pas eu beaucoup de temps pour s'occuper du malade. Elle avait assez rapidement pu lui administrer les premiers soins, toutefois l'arrivée d'autres médecins, bien mieux équipés qu'elle, l'avait vite convaincue qu'elle devait céder sa place, et ce bien avant qu'elle ne puisse tirer la moindre conclusion à propos de ces étranges symptômes. Sans non plus savoir si ce qu'elle avait pu faire aurait le moindre effet, et sans qu'aucun autre scientifique ne lui fasse le moindre commentaire, elle avait du se reculer le temps qu'on évacue le souffrant, se retrouvant alors dans la même situation que tous les autres : dans l'incompréhension. La norvégienne pensait cependant avoir un certain avantage sur l'ensemble des survivants. Travaillant elle même en salle de soin, elle savait qu'elle n'aurait aucun mal à en apprendre davantage assez vite, pensant qu'il serait logique que l'équipe médicale soit mise dans la confidence, s'il y en avait une, si ce n'était même qu'on ne lui demande de l'aide. Aussi garda-t-elle son mal en patience, sans non plus céder à la panique comme de nombreux autres.
Non, en vérité, la jeune femme était davantage inquiète que terrifiée. Il n'était pas difficile de penser que, si l'un des membres du Bunker était atteint d'une maladie, celle ci pourrait très rapidement se propager. Tous vivaient sous le même toit, respiraient le même air, partageaient le même dortoir, les mêmes douches, chaque salle finalement, et le tout était clos. Si l'infection était virale, tous risquaient d'être atteints et cela pourrait aller très vite. Si la contamination passait par un contact, sang ou salive, il serait plus simple - quoi que cela resterait complexe - d'imposer une certaine quarantaine le temps de soigner tout le monde, toutefois même ainsi, cela n'avait rien de rassurant. Elle songeait déjà que certaines mesures allaient être prises et il était certain que les réactions pourraient être assez .. explosives au sein des survivants. Il fallait seulement les voir dans l'immédiat, tous criant ou courant dans tous les sens dans une panique que seule l'autorité d'un homme armé avait un tant soit peu calmé. Tant de réactions inutiles et incontrôlées qui lui rappelaient que l'homme était un être stupide, enfin.

Plutôt que de céder à la peur comme de nombreux, la médecin elle, s'efforça à garder son sang froid. Ses craintes demeurèrent silencieuses et elle chercha plutôt à s'occuper de quiconque aurait besoin d'elle dans cette pièce. Elle se ravisa assez vite.
Un mouvement de recul, le regard terrifié d'une femme qui refusa clairement qu'elle ne l'approche, une parole même adressée à son enfant, lui demandant de garder ses distances. Qu'à s'approcher du contaminé, elle avait certainement été touchée.
A y réfléchir, cette réaction était tout à fait prévisible, mais Leo n'avait pas songé qu'elle puisse être si rapide. Une douche froide qui lui rappela d'anciennes claques qu'elle avait pu se prendre, et qui eu le mérite de la tenir en place.
Après cela, elle resta plutôt dans son coin, s'asseyant contre un mur en attendant les nouveaux ordres.

Après de nombreuses minutes, d'autres scientifiques finirent par entrer dans la salle. L'un d'eux l'approcha, aiguille en main et docilement, elle tendit son bras. Une couleur rouge, limpide, elle était saine.
Dans son esprit se glissa une pensée amère à l'attention de la quarantenaire.