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Bunker Coronis, Alentours

Contrairement à Fisher qui était un compagnon de route relativement agréable en vu du personnage, Sam ne pouvait pas en dire autant de la jeune femme assise un peu plus loin. Celle-ci s'était mise à balancer ses jambes et taper du pied. Chacun exprimait à sa façon son anxiété, certes, mais l'ancienne nageuse aurait apprécié que ce soit de façon moins irritante. Une première personne avait soupiré, et elle s'était dit qu'en adoptant la même attitude, la jeune femme prendrait conscience qu'elle dérangeait tout le monde. Et ce fut le cas, ses gesticulations cessèrent, pour le plus grand plaisir de la brune qui pu se replonger dans son inspection des environs. Bien qu'il n'y ait rien de vraiment spectaculaire à voir. C'était abandonné, désert, en ruine et la nature reprenait clairement ses droits. En clair, de quoi se mettre dans l'ambiance et se motiver à rentrer vivant.

Le camion marqua un arrêt et le moteur s'éteignit. Enfin ils étaient arrivés, après près de une heure. Elle regarda l'heure, sur la montre que son oncle lui avait offert, puis se souvint de cette combinaison et s'arrêta dans son geste. Certaines habitudes s'étaient ancré en elle, et visiblement, elle était si à l'aise dans cette combinaison qu'elle en avait complètement oublié l'existence. Une fois sur la terre ferme, Sam étira ses membres et sautilla légèrement sur place histoire de rendre leur tonus à ses muscles. Tout ce qu'elle avait à faire maintenant, c'était d'appliquer ce qu'elle avait apprit pendant cette longue année d'entraînement, et surtout, rester concentrée. Du coin de l'oeil elle vit Anderson se détacher du groupe pour aller s'identifier visuellement. Une attitude qui à vrai dire, conforta Oreba dans l'idée que ses parents puissent effectivement se trouver en bas. Le seul problème, enfin un parmi tant d'autres, c'était que l'endroit été définitivement désert. La tour était vide et la caméra de surveillance devant laquelle se tenait Jane ne semblait même pas être en état de marche. Globalement, Sam eut le sentiment que le courant était coupé. A bien y réfléchir, elle n'était plus certaine de vouloir retrouver ses parents ici.

Elle préféra se concentrer sur son compagnon de compartiment, attendant de voir quelles serait ses directives. Sam savait reconnaître ceux qui avait de l'expérience, et Fisher transpirait l'expérience. Derrière ses airs de gars qui prend tout à la légère, à la façon dont il tenait son arme, la façon qu'il avait de repérer les lieux, c'était tout naturellement qu'elle s'était mise en seconde position, laissant le jeune homme diriger comment allait se dérouler le repérage que Wayne avait ordonné. Se détachant du groupe, elle s'était rapprocher de lui. J'eus un moment d'hésitation et considérait la main qu'il me tendait. Plus par soucis de ne pas le froisser que par pure politesse, je lui tendis la mienne et nous échangeâmes une poignée de main plutôt musclé. Du coup de Fisher, Sam n'était pas sûr qu'il s'était rendu compte de la force qu'il avait employé, mais d'un autre coté, elle appréciait qu'on ne la ménage pas sous prétexte que la nature avait décidé de la faire femme fragile à secourir. Sur l'instant, elle avait décidé que Fisher était un personnage plutôt simple, qui ne se prenait pas la tête et assez spontané à bien y regarder. Quoique les mots qui suivirent cette poignée main lui semblèrent être de trop, mais elle ne releva pas. Tout le monde ne possédait pas le pragmatisme de la documentaliste, et elle en avait conscience.

Le duo s'éloigna du reste du groupe, prenant la direction à l'ouest du Bunker.

« Je m'appelle Morgan Fisher, mais appelle moi juste Fisher. »

Finalement, cette attitude naturelle dont il faisait preuve aida grandement Sam à se détendre. Il n'y avait pas de quoi dramatiser, si elle restait concentrée et attentive à son partenaire, logiquement, tout devrait bien se passer. La brune s'évertua à réprimée les pensées et souvenirs qui concernait sa famille et se remémora les conseils de son oncle. Faire le vide. Être distraite n'allait aider personne, c'est ce qu'elle se répétait et malgré elle, une fine pellicule de sueur froide s'était formée sur son front. Elle ne prêta pas attention aux gouttes qui perlèrent sur son visage et mit un certain temps avant de répondre à l'outsider.

« Oreba. » dit-elle simplement. En l’occurrence, sa voix était assez grave pour qu'on puisse la confondre avec celle d'un homme avec une voix relativement aiguë. Et Sam ne se doutait pas un seul instant qu'il la prenait en fait pour un homme. Ça ne lui était jamais arrivé à dire vrai, et savoir ce qu'il pensait d'elle n'était pas sa préoccupation première.

Le duo progressait en trottinant, s'arrêtant parfois pour examiner plus en profondeur des coins qui paraissaient suspects. Fisher se pencha pour ramasser du papier. Ils venaient de dépasser une barricade faite en grande partie avec des carcasse de véhicules rouillés à la plupart desquels il manquait les roues. Barricade destinée à stopper les véhicules essentiellement, facilement franchissables à pied. Sam s'arrêta un moment, inspectant les véhicules – ou plutôt ce qu'il en restait – histoire de sécuriser la zone. Elle ne manqua pas de prévenir son coéquipier d'un bref geste de la main. Puis le rejoint rapidement afin de poursuivre leur route. Ils ne tardèrent pas à arriver jusqu'à ce qui semblait être une ancienne station service, totalement à l'abandon. L'endroit était désert, mais Sam jugea plus prudent de faire un tour rapide à l'intérieur, toujours en prévenant son partenaire d'un geste de la main. Elle s'engouffra dans la bâtisse abandonnée, après lui avoir expliqué que c'était leur boulot, le repérage des lieux. « R.A.S » dit-elle dans son oreillette sur une fréquence privée qu'ils avaient en commun. Sur un des rayonnages, elle vit une corde et jugea utile de s'en saisir, bien qu'elle en possède déjà une. Dans le contexte actuel, ce n'était jamais trop. Elle allait ressortir, lorsqu'elle aperçu un corps au milieu des rayonnages. Mort, c'était à n'en point douter. Elle s'accroupit, fouilla brièvement le cadavre : aucun papier qui pourrait confirmer une identité quelconque. Elle ne jugea donc pas utile d'en informer son partenaire, ce n'était rien d'alarmant. Son soucis du détail lui faisait faire des choses sans réel intérêt pour la mission, le soucis de trop bien faire, vraisemblablement.

Sam ressortit du bâtiment une dizaines de minutes plus tard une énième barricade à sa droite, un peu plus loin. Quelques mètres plus loin, quelque chose qui lui semblait être une bouche de métro à sa gauche, avec une autre barricade un peu plus loin. Péremptoirement, on avait tenté de sécuriser une zone, visiblement en vain.

« Je sais pas à quoi ils essayaient d'échapper, mais au vu de ces barricades plutôt rudimentaires, à mon avis c'était surtout pour bloquer des véhicules ennemis. »

Sam avait exposée son point de vu sur un ton monocorde, dénué de toute passion. On ne sentait ni sa crainte, ni ses inquiétudes. L'un des avantages à être documentaliste, c'était que peut importe notre humeur, il fallait toujours énoncer des sources, ou présenter des documents à des clients. Conclusion, dissimuler ce qu'elle ressentait était presque une seconde nature chez elle. Suivant les recommandations de son acolyte, elle ne chercha pas à explorer la bouche de métro, même si elle en avait vraiment envie, sait-on jamais ce que les souterrains pourraient bien renfermer. Sam jugea le rapport de Fisher un peu maigre, et ajouta sur le canal de l'escouade :

« Comme l'a dit Fisher, on a une station service abandonnée derrière le bâtiment qui fait face au Bunker. Mais à sa droite, une barricade, et à gauche, une bouche de métro avec un peu plus loin, toujours ce même genre de barricade. Visiblement, ceux qui été ici on tenté de se protéger d'une menace. Humaine à en juger par l'aspect des barricades. »

L'outsider avait employé toujours ce même ton monocorde, linéaire. Ceci dit, elle talonna Fisher dans la poursuite de leur mission de repérage. Ils repassèrent la barricade ainsi que par la ZA et poursuivirent leur chemin. Bientôt ils arrivèrent à une intersection. À gauche, rien d'exploitable. À droite, Sam aperçu la même construction qui lui faisait penser à une bouche de métro. Elle fit signe à Fisher de la suivre, cette fois, bien plus à l'aise qu'au début de leur excursion, elle prit les devants.

« Je passe devant. » dit-elle simplement en joignant le geste à la parole.

Elle avait, comme le lui avait conseillé Fisher, déjà préparé son arme pour une éventuelle attaque et tint fermement son AR-15 contre son épaule, priant pour que l'arme ne s'enraye pas si elle devait ouvrir le feu. De ce coté ci des bâtiments, il n'y avait aucune barricade. Sam nota mentalement l'information. Cette fois, elle jugea bon de s'approcher plus de la zone. Elle avait vu juste, s'était effectivement une bouche de métro. Celle-ci devait être la bouche de métro sud, et la précédente, la bouche de métro nord. Néanmoins, elle ne comptait pas explorer les souterrains maintenant, et de toute façon, elle n'en voyait pas d'utilité immédiate. L'ancienne nageuse se concentra plutôt sur les environ de la zone. A une trentaine de mètre, gisait un véhicule militaire abandonné. Malheureusement, la jeune femme était incapable de dire de quel type, elle avait simplement reconnu les motifs kakis. Normalement, elle n'aurait pas juger utile d'aller l'inspecter, mais une flaque brune au sol proche de la carcasse lui intima le contraire. D'un signe de la main, elle indiqua à Fisher de la couvrir, c'était plus prudent, même s'il n'y avait pas de menace explicite à première vu.

Arrivée au niveau du véhicule, Sam se pencha à l'intérieur et eut un mouvement de recul face à la scène qui se déroulait devant elle. Un corps, ou plutôt ce qui en restait gisait sur le siège conducteur du véhicule. Sam plissa le nez, même avec le masque, l'odeur était insupportable. Des larves avaient déjà écloses, commençant leur fastidieux travail. Il était évident que ce n'était pas l’œuvre d'une attaque humaine. La gorge était à ciel ouvert, les cordes vocales, manquantes ainsi qu'une bonne partie de ce qui devait composé un visage. À la place d'une figure, un ovale rouge brun, ensanglanté, infesté de larves qui grouillaient de partout, comme si la face était en vie. Sam du puiser dans ses ressources pour ne pas vomir, il serait bête d'avoir l'odeur dans sa combinaison. Pour ça, le visage animé par les larves étaient ce qui la dégoûtait le plus. Quant au bras gauche manquant, face à ce que le visage présentait, Sam n'y prêta pas d'attention particulière. Fisher était encore loin derrière, c'est pourquoi, elle utilisa leur canal perso pour l'appeler.

« Fisher, faut que tu viennes voir ça. J'espère que t'as pas l'estomac fragile. »

Un certain sarcasme avait percé dans le son de sa voix, une façon bien à elle de faire face à la situation.