C'était éreintant d'écouter de la neige toute la journée. A la fin, Fiona avait envie de jeter son casque par la fen... Oh, il n'y avait pas de fenêtre, c'est vrai. Sur les autres alors, jeter son casque sur les autres qui se dopaient au café. Elle, son truc, c'était passer le temps avec du démineur et du solitaire. Y'avait un ordi, autant en profiter...

Alors que la pièce se vidait petit à petit, certains partant manger, d'autres à la douche, Fiona restait à son bureau. Pas envie aujourd'hui d'affronter la bassesse du monde qui l'entourait. Vraiment. Elle n'en pouvait plus. Elle voulait rentrer chez elle. Avachie sur le bureau, neige dans les oreilles, lâchant deux-trois "Youhou ~ Y'a quelqu'un ?" aux stations de radio connues... Pas de réponse. Plus de mission en cours, tout le monde était rentré presque sain et presque sauf. Sa présence en ces lieux ne servait plus à rien. Et pourtant, Fi n'était toujours pas décidée à partir.

Après avoir posé le casque et retrouvé l'ouïe, Princesse se coucha sur le meuble, fermant les yeux, juste pour un moment... Elle priait pour se réveiller dans son lit aux rideaux pailletés. Quedalle. Réveillée quelques heures plus tard, Fiona se leva paniquée et regarda autour d'elle. Non, rien n'avait bougé, personne n'était venu, personne ne l'avait vue. N'est-ce pas ? Quelle idée de s'endormir là... Qu'est-ce qui lui avait pris... Bof, l'envie d'être seule un moment, de ne plus avoir à supporter la présence des autres. De tous les autres. Ils vivaient les uns sur les autres. Fiona avait l'impression d'être harcelée toute la journée et détestait le fait de devoir dormir avec d'autres personnes.

Son ventre grogna. Ah oui. Elle n'avait pas mangé du coup. Comment manger au beau milieu de la nuit ? Il suffisait de se rendre en cuisine. Fiona allait faire comme chez elle, pour changer. Fallait dire que c'était pas la première fois qu'elle faisait ce qu'elle voulait quand elle voulait...

Vêtue d'un t-shirt rose décolleté à souhait, d'une jupe noire courte, de collants noirs et d'une paire d'escarpins vernis noire... Avec 10 cm de talons... Fiona sortit de la salle. Ses talons claquant le sol comme s'il aimait ça, non, Princesse était tout sauf discrète. C'était presque comme si elle cherchait à se faire repérer. La vérité, elle s'en fichait bien, d'être attrapée. D'ailleurs, en croisant le garde de nuit, elle lâcha, sans un sourire :

- Hey.

Et continua son défilé, lui passant sous le nez. Si Fiona avait toujours et tout le temps froid mais ça n'avait pas l'air d'affecter ses yeux.

Mais c'est qu'il la suivait. Un admirateur secret, encore un ? Tu m'diras celui-là, il passait pas inaperçu, le côté « secret » de la chose était mal barré. Fiona regarda par dessus son épaule, continuant sa route, lorsqu'il arriva à son niveau. C'est que sa proximité commençait à l'empêcher d'avancer correctement... Alors Princesse s'arrêta, faisant face à cet énergumène.

Main sur la hanche, le toisant comme la dernière des sous-merdes au monde. Oh, wait. C'était sûrement l'une de ces dernières. Lui, il avait pas fait mannequin. Pas dans son pays en tout cas, peut-être que chez les sauvages y'avait d'autres standards de beauté hein. Fallait pas juger les goûts des autres... Sur le papier...Nan, vraiment, vraiment, vraiment pas son genre. Nope. Pas de discussion possible. Et puis, il lui manquait une case non ? Un truc dans ses yeux sûrement. Rien ne faisait peur à Fiona. Ca s'appelait la bêtise.

- Mmmmmmm... Je crois pas non.

Ce que Fi ne réalisait pas non plus, c'est qu'elle était dos au mur. Littéralement. Physiquement. Dos au mur. Ca ne pouvait que bien se terminer, n'est-ce pas ?

- Nope, ça n'arrivera pas. Passe ton chemin.

Et alors qu'elle pensait repartir sereinement... La rouquine se retrouva contre le mur par l'opération du saint esprit. C'était sûrement pas son nom à l'autre sauvage, mais pour l'instant on allait rester là-dessus, faute de mieux. Il était aussi délicat qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine hors de prix. C'était elle, la porcelaine hors de prix, pour ceux qui auraient pas compris.

- Oh tu fais quoi là ?! T'as cru j'étais ta meuf ?!

Parlant comme une wesh des familles profondes, Fiona se débattit pendant approximativement 0,72 secondes avant d'arrêter en entendant son ventre gémir. On pouvait sentir sa souffrance. Pauvre petite. Même pas gênée, elle leva un sourcil puis, eut une idée... Son expression de « tu vois bien que je suis hors de la ligue, dégage », se transforma en un charmant sourire et quelques battements de cils.

- Heeeey ~ Tu voudrais pas m'accompagner en cuisine ? Je dirai pas non à une gourmandise.

La pensée que l'accès aux frigos était peut-être restreint à cette heure la poussait à inviter le zouave. Il avait les clefs, lui, non ? A quoi il servait sinon ? C'était pas dans les couloirs qu'il se passait le plus de choses. Évidence. Il devait avoir les clefs. Et si elle le jetait tout de suite, elle devrait revenir sur ses pas, le retrouver, avoir l'air idiote en lui demandant les clefs... Bref, mieux valait tenter le coup maintenant et, si c'était ouvert, pas grave, y'avait bien des couteaux en cuisine, non ? Légitime défense tout ça, il avait une tête à avoir un casier judiciaire et son attitude -qui était filmée- prouverait qu'elle était en danger, c'est tout.

Fiona dégagea une de ses mains et, avec ses index et majeur, mimant des jambes, descendit le long du torse de... Ah oui, « saint esprit ».

- Et puis après on pourrait revenir à la salle de comm' et tu me ferais goûter.. Ta... Gourmandise ?

OHOHOH I SEE WHAT YOU DID THERE LITTLE COCHONNE. Bon, s'il mettait un sac sur sa gueule, peut-être que ça pouvait se faire ? Ou la retourner. Ou les couteaux, ouais les couteaux c'était bien, un peu crade et son haut c'était de la marque, ça lui ferait mal de se mettre du sang dessus mais...

Quelle agressivité. Aussi bien d'un côté comme de l'autre, y'en avait pas un pour calmer le jeu de l'autre... Ils étaient faits pour se marier ces deux-là. Nan j'décooooonne revieeeens, j'rigole roh. Fiona n'allait pas se laisser battre par ce petit joueur. Il croyait quoi, qu'elle avait peur ? Oh oui, elle crevait de trouille, mais c'était sa coupe de « cheveux » qui lui faisait peur. C'était vraiment légal de faire ça ?

Oh. Eh bien. Ca avait été plus facile que prévu. Même un grand taré comme lui ne pensait qu'à sa queue donc. Bon à savoir. Définitivement, ils étaient tous pareils... C'en était même plus drôle ni intéressant de toujours avoir recours aux mêmes arnaques. Enfin ! Du moment que Princesse avait ce qu'elle voulait, est-ce qu'elle allait vraiment se plaindre ? Lorsqu'il s'était approché, Fiona avait refoulé une envie mortelle de lui cracher à la gueule. Préparant son venin puis, le ravalant une fois la menace éloignée. Un peu plus et elle aurait pu croire qu'il allait l'embrasser. Quelle horreur. Ah oh beurk, un frisson de dégoût prit d'assaut son doux et majestueux dos.

Bref, moment de suivre le pas. Fiona ne pouvait décemment pas marcher vite. Avoir une démarche de star, faire le plus de bruit possible OU marcher vite, faire de grands pas et avoir l'air d'une idiote... Le choix était vite fait. Parce que oui, même face à l'autre là, elle ne pouvait pas supporter l'idée d'avoir l'air con. La prestance avant tout. Et si ça le faisait chier, bah il avait qu'à la porter hein.

Fiona ne chercha pas à dialoguer pendant le voyage. S'il lui racontait/demandait un truc, elle répondait avec son air de jem'enfoustiste. Mais... Cordialement hein. Fallait pas non plus qu'il change d'avis. Hmm... Qu'est-ce qu'il pouvait y avoir à bouffer dans les frigos... Ca la laissait pensive.

Devant la porte qui la mènerait au saint graal, Fiona s'arrêta, main sur la hanche, posée comme une biatch.

- Qu'est-ce que t'attends ?

Nope, elle lui laissait pas 2 secondes pour vivre et ouvrir la porte. La patience, une légende bien lointaine.

- Pff, je crèverai pour une glace menthe-chocolat, pensa-t-elle tout haut. Y'en a ?

Comme s'il pouvait savoir... En fait, vu son ton, ça voulait plus dire « sers moi une glace menthe-chocolat, et que ça saute. Sale primate. »...

La porte ne s'ouvrait pas. Nan vraiment il allait la faire poireauter comme ça sans aucune honte ? Après quelques secondes, impatiente qu'elle était, Fiona abaissa la poignée et poussa la porte non sans souffler comme un boeuf son insatisfaction. Oh. Mais c'était ouvert. C'était bon à savoir pour la prochaine fois. Ça voulait aussi dire qu'elle se trimbalait le singe pour rien depuis le début. Tristesse. Elle qui pensait qu'il fallait des clefs. Quelle erreur. On entrait comme dans un moulin là dedans. Évidemment, elle laissa retomber la porte derrière elle. Elle allait pas lui tenir fallait pas rêver. 

S'avançant vers les frigos, Fiona posa de nouveau, dos à... Euh truc et déclarant son envie de glace. Enfin c'était pas demain la veille qu'il allait bouger son fion pour la servir apparemment... D'ailleurs, en parlant de fion... Lorsque Fi retourna le haut de son corps vers son non-serviteur, elle ne pu s'empêcher de remarquer qu'il le lui matait, son cul. 

- Pff, tu peux rêver. T'as servi à rien, c'était ouvert. Y'a plus de deal qui tienne. No deal, no dice. Shot at and missed, shit on and hit, quota-t-elle de Breaking Bad. Tu peux ranger ta "gourmandise". 

Et elle ouvrit le frigo, après avoir jeté ses mots comme s'il s'agissait d'un vulgaire primate. Ce qu'il était forcément. Elle aussi, l'évolution toussa, mais elle c'était une princesse primate, rien à voir tu vois.

"Allez cherche ?" Fiona leva un sourcil. Il voulait en finir avec la vie lui non ? Sortant la tête du frigo, elle le regarda, en mode "tu te fous de ma gueule là".

- T'es encore là toi ? J't'ai dit que t'étais inutile. Tu peux disposer, dit-elle, avec le signe de main du "dégage".

Je signe où ? Là, oui d'accord. "Arrêt de mort", c'est ça ? Oh ça a l'air fun ! Tout un programme !

Ah bah enfin. Il se levait, il avait donc compris et se tirait enfin. Fiona haussa les épaules et retourna fourrer sa tête dans le frigo. Hmm. Une salade c'était pas mal aussi ? Tiens, c'était quoi ça ? Elle souleva le papier d'alu. Beuh, non, hors de question de manger ça, c'était quoi ? Un reste de vomi ? Ca ressemblait en tout cas... Quoi d'autre, quoi d'autre. Oh tomate ! Ah ça oui, elle pouvait la saler et croquer dedans, c'était parfait comme ça, ça suffirait bien, elle avait pas envie de s'attarder ici. Fiona attrapa une boule rouge et eut juste le temps de se redresser.

La porte du frigo claqua devant ses yeux sans qu'elle comprenne quoi que ce soit à la situation. Retournée et plaquée de nouveau contre son gré... Ca en devenait lassant. Il fallait qu'il trouve une nouvelle approche. Pas de caméras ? Il bluffait. Y'en avait partout de ces merdes. Fiona pouffa et détourna le regard, complètement désintéressée. Parle toujours, qu'elle pensait.

Ca, c'était ce que Princesse pensa en une fraction de seconde avant d'être soulevée par... Euh... La pussy hein. Sur le coup de la chose, très surprise par la tournure de cette dite chose, Fiona lâcha un espèce de « heurg » étouffé, comme si elle avait prit un coup dans l'bide, lâchant sa tomate sur le coup. Son torse tombant vers l'avant et sans avoir d'accroche, Fiona se retint comme elle pu, agrippant l'épaule de l'autre malade avant qu'il utilise son avant-bras pour la replaquer bien comme il fallait avec son... Couteau ?

La première chose que pensa Fiona en voyant l'arme sous le nez... Oh elle était impossible... Qui pensait encore « PAS LE VISAGE » à ce moment-là ? Comme si c'était encore son gagne pain. La seconde chose qui lui vint à l'esprit était d'un autre registre... Elle avouait que la bestialité du geste et l'emplacement parfait de son avant bras ne la laissait pas indifférente. Peut-être dans une autre situation.. Sans sa sale tête... Sans le couteau... OH PUTAIN LE COUTEAU. La troisième pensée fut celle qui aurait dû arriver en premier hein.

Il allait quand même pas la buter ? Fiona commençait tout juste à réaliser que ce gars-là... Il avait pas l'air de rigoler. Et, elle devait bien l'avouer, elle était pas rassuray. Princesse pensa bien à lui donner un bon coup de talon dans les roubignoles mais... Le caractère imprévisible de l'animal et la proximité du couteau ne lui disaient vraiment rien... Ou était-elle juste tétanisée ? Et il lui faisait une leçon. Apparemment.

Intouchable hein. Fiona ne répondit rien. Pourtant... Le venin lui brûlait les lèvres. Lutter contre sa nature d'écervelée, c'était compliqué. La rouquine retira sa main de son épaule sans aucun geste brusque et, du ton le plus calme qu'elle pouvait utiliser à l'heure actuelle, elle prit la parole.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Ca lui faisait tellement mal mentalement et physiquement d'être obligée d'en arriver là.

Ce gars-là, y'avait 80 % de chance qu'il sorte de l'asile. Pourquoi il était arrivé jusqu'ici ? J'veux dire, Fiona se sentait déjà au pays des péquenots, mais elle pensait pas se retrouver avec des gens.. Dangereux, tu vois. Comment il était arrivé là ? Comment il avait passé le test des psy ? Comment ils avaient pu laisser un malade comme lui traîner dans les couloirs la nuit, quand tout le monde dormait ?! Il suffisait qu'il choppe, comme là, un truc tranchant et qu'il aille se faire plaisir à tuer des gens dans leur sommeil... Un gars comme ça... Fiona regardait peut-être trop de films et jouait peut-être trop mais. C'était pas un de ces cas qui éliminait les gens inutiles, gardaient ceux qui l'étaient et décidait qu'il était maintenant le chef du bunker ? En gardant juste quelques jolies filles pour assouvir les désirs de ses sbires aussi malades que lui. Oh ça allait, elle allait survivre à ça alors. Rassurant.

Lorsqu'il la lâcha, Fiona eut du mal à retomber sur ses pattes. Faut dire que les talons aiguilles jouaient en sa défaveur sur ce coup. Mais, tant bien que mal, elle retrouva son équilibre et évita de se retrouver cul sur le carrelage. Le regard qu'elle lui jeta après ça... Ca en aurait glacé plus d'un. Bizarrement, mon petit doigt me disait que l'effet serait amoindri sur ce gaillard là. Mais Fiona n'avait pas pu s'empêcher. Plus fort qu'elle. Et elle pensait déjà à se venger un jour.

Adossée contre le frigo, tant qu'il jouait avec son couteau, elle allait jouer la fille modèle, pas en sortir une, ni en bouger une. Par contre, à l'intérieur, ça bouillait, elle n'abaissait pas ses yeux et ils trahissaient son envie de meurtre violent et sanglant. Fiona le regarda s'asseoir et écouta la réponse à sa question. Il voulait juste... Ca ? C'était... Nul ? Fiona haussa un sourcil, pas dupe. Vraiment. Juste qu'elle respecte le couvre-feu ? Mais il pouvait bien se le foutre au cul son couvre-feu... Il venait de perdre 3 points dans son estime. Qui était déjà négative. Ridicule. En plus, avec une leçon de bas étage. Il l'avait regardée à un moment ? A moins d'être aveugle ou... Et bien dans ce cas, TARÉ... Elle s'en sortirait TOUJOURS grâce à sa jupe. Quel con. C'était compliqué de pas lui rire au nez à ce moment, alors elle baissa la tête.

- Okay grand chef, c'est noté. Plus de vagabondage, après l'heure c'est plus l'heure.

On pouvait bien sentir dans sa voix qu'elle en avait rien à foutre, m'voyez. Comme une ado devant le proviseur, qui s'est fait chopper pour avoir fumé dans les chiottes. RIEN A CARRER GROS. Fiona releva la tête, ayant repris son sérieux. Sa mission n'était pas terminée ici. Nan parce que tu penses bien qu'elle allait pas s'écraser au point d'oublier qu'elle avait la dalle et rentrer tranquillement au compartiment direct non plus.

- Permission de ramasser ma tomate ? La laver et la bouffer ? Dit-elle, montrant du doigt tour à tour la tomate au sol, l'évier puis l'intérieur de sa bouche...

Ca la faisait chier de ramasser la tomate et la laver. Chez elle, Princesse en aurait juste pris une autre qui n'était pas restée 3 jours au sol... Mais on allait pas tenter le diable et se retourner pour l'instant, n'est-ce pas ?

- Après je filerai sous la couette. Tu pourras même m'accompagner jusqu'à la porte si VRAIMENT tu veux t'assurer que je respecte ma parole.

Fiona voulait absolument rester près de lui m'voyez, jusqu'à la fin. Elle était désespérée de gagner son amour sincère. Ou elle se foutait juste de sa gueule.