« Heeeeeeeeeeeey ! Coucou toi ! Tu manges seule ? »

Hey, on devient des amis?

    C'était l'heure de manger. La fin du monde s'est synonyme de nourriture en boîte. Ce n'est pas le met le plus fameux, mais au moins ça nourrissait, et puis vous savez, ces temps-ci, les fruits, les légumes, la viande... ça ne court plus vraiment les rues. Peut-être qu'un jour les survivants pourront se nourrir d'autre chose. Enfin, Maelys Wade était à table, en plein dans ses pensées. Elle était seule, la compagnie ne l'attirait pas vraiment. Elle avait sur son plateau de repas son portable. Il était inutile à présent, mais parfois elle l'allumait par nostalgie. Juste pour ne jamais oublier le visage des gens qu'elle aimait.
  La fourchette à la main, elle la bouge dans son assiette sans vraiment prendre de bouchée. Elle avait le regard dans le vide. Une de ses mains retenait sa tête. La jeune femme se remettait difficilement de tout ça. Elle commençait tout juste à se faire une idée, plus rien ne sera comme avant, sachant qu'elle avait tout perdu. Elle essayait souvent en ce moment de se relever, de sourire à la vie "et la vie te sourira". Sauf qu'elle tombe à chaque fois.

« Heeeeeeeeeeeey ! Coucou toi ! Tu manges seule ? »

  Elle eut un moment de surprise, cette voix venait de la sortir de sa rêverie. Elle releva la tête vers son interlocuteur. Son visage lui disait quelque chose. Il était à la bibliothèque l'autre jour . Dans tous les cas, son nom ne lui revenait pas. Maelys attrapa son portable en vitesse et le rangea dans une des poches de sa veste. Hors de question qu'il cherche à le fouiller ou autres. Elle leva un sourcil, son tic habituel, et se redressa. Son air s'adoucit, il ne fallait pas non plus qu'elle fasse fuir tout le monde, il était temps qu'elle se reprenne en main un peu.

« Salut. Je suis en tête à tête avec mon assiette j'ai envie de dire, elle marque un temps de pause, au fait, je suis Maelys Wade, je ne crois pas qu'on se soit présenté dans les formes l'autre jour. »

  Alors là, elle a fait un effort considérable. Elle venait de parler à quelqu'un sans le renvoyer d'ici. "Souris à la vie et la vie te sourira". Cette phrase lui donnait envie d'être vulgaire tellement elle lui semblait ridicule. Elle n'attendait pas de réponse du jeune homme en face d'elle. Doucement, sans avoir d'appétit, elle commença à manger son contenu.
  Elle se souvient d'une chanson, dans les paroles, il y avait un passage qui allait très bien avec sa situation. "It's futur rust and then it's futur dust". Le groupe était visionnaire . Les seules paroles qu'elle devait appliquer étaient celle qui disait d'oublier l'horreur de cet endroit, en quelque sorte "Forget the horror here". Oublier l'horreur de ces lieux, de ce monde... Comment oublier ça quand la lumière des étoiles est remplacée par un plafond gris et des néons tremblants, comment remplacer tout ce qui rendait le monde vivant? Le monde, lui-même, est mort.