L'arrivée de John Smith RP clos
La lourde porte du bunker se referme, je quitte le soudain froid de ce début d’automne et la solitude pesante de ces dernières semaines pour me retrouver encore dans une nouvelle demeure.
Depuis mon départ de l’abri des Winton, je n’ai cessé d’errer ; je n’ai cessé de changer d’abri. Nombre de familles riches de Manhatan se terraient dans leurs refuges personnels, mais aucune ne m’a accueilli… Pourtant plusieurs me connaissaient, certaines personnes m’appréciaient vraiment, mais la peur des gaz prenait le dessus sur l’amitié.
Je suis descendu lentement à Brooklyn, à mon rythme, m’arrêtant de temps en temps pour souffler, autant que l’on peut le faire avec un masque sur le visage. Le risque de percer ma combinaison me hantait, je redoublais de vigilance à chacun de mes arrêts à chaque fois que je posais mon vieux derrière sur un banc. C’est sur l’un d’entre eux que je fis la connaissance de Stanley.
Stanley Bradford était un jeune artiste bavard, rêveur, irréel. Il s’assit près de moi sans que j’eusse le temps de voir d’où il venait. Sa combinaison de survie pleine de peinture me fit l’impression d’être très usée.
-Quelle magnifique journée, me dit-il à travers le chuintement de son masque, la lumière est parfaite… Regardez comme le pont de Brooklyn coupe l’horizon tel l’épée flamboyante qu’un géant aurait déposé là. Un géant… croyez vous au fantastique chère monsieur ?
Mon regard se posa sur le pont qui nous faisait face, mais je n’y voyait aucune lame, aucune flamboyance, et je ne savais pas ce qu’il appelait « fantastique ».
-Tout ce que je vois jeune homme, c’est que la route est longue et que le soir vient à nous. -Oui, répondit-il soudain avec emphase, le soir va recouvrir de son voile de ténèbres le glaive du héro trépassé au combat ! Allons, reprit-il en se levant, il est grand temps pour nous de trouver refuge chez Janet. -Qui est-ce, demandais-je en restant prudemment assis ? -C’est un abri près du Brooklyn Art Project, l’antre d’artistes et d’illuminés dans mon genre ; Janet est un nom de code, un espoir d’humanité offert à des murs gris et froids, le petit nom d’un terrier de lapin penchés trop souvent sur leurs montres à mon goût. Tic tac, tic tac -il regardait son poignet droit sans toquante- Allons y avant la nuit, avant que les bandits de grands chemins trouvent le notre.
Qu’auriez-vous fait à ma place ? Il ne semblait pas dangereux, moins que la possible rencontre avec de mauvaises personnes. Étrange d’ailleurs que rien ne mis fit penser plus tôt, mais oui, c’est évident qu’un vieil homme comme moi est une cible parfaite pour des voleurs sans scrupule. Oh, je n’avais rien à voler de particulier, mon sac ne contenait qu’un peu d’eau et de nourriture, mais c’était peut-être devenu important ce si peu de choses. Je le suivit.
L’abri des artistes fut ma maison quelque temps. L’ambiance y était aussi irréelle que les occupations de sa trentaine d’occupants. L’art était partout, le désordre constant, une sorte de chaos créatif qui me donnait des vertiges. Je m’y trouvais inutile, imbécile, perdu plus que jamais je ne l’avais été. Une sorte de torpeur m’envahissait.
Je sortis de cette apathie lorsque que nous fûmes attaqués.
Les résidents de l’abri ne s’étaient jamais vraiment préoccupé de la sécurité de celui ci, ils en payèrent ce jour là le prix fort. Un groupe de vauriens vint de nuit réquisitionner le lieu, et lorsque des artistes protestèrent, ils furent de suite abattus ; Stanley reçu une balle perdue en pleine tête. Je vis son corps tomber comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. La panique régna, les coups de feu résonnèrent, les gens se bousculèrent vers la sortie, mais elle était bloquée par trois hommes, l’arme au poing. Une voix tonna soudain derrière nous : « Laissez les sortir ! l’important est de garder l’air sain. »
On laissa donc sortir les survivants de la tuerie, par le sas, par petit groupe. Une petite vingtaine de personnes se trouva bientôt dehors, une dizaine seulement avait une combinaison, le reste n’était muni que de masque ; ils allaient mourir, ils le comprirent que trop tard. Un assaillant sorti à son tour, tira en l’air en menaçant de mort quiconque resterait dans les parages à la fin du compte à rebours, et il se mit à décompter.
Je partis dans les rues aussi vite que je le pus, et mon errance reprit…
Je parvins à l’abri de l’école technique, mais il était si petit… très vite on me conseilla gentiment d’en trouver un autre. Je fis alors la connaissance d’un groupe de survivants qui se baladait dans un vieux camion de livraison ; il me prirent avec eux et nous allâmes de refuge en refuge, mais ne trouvâmes que des portes closes. Le camion finit par rendre l’âme près du parc City Line. Nous étions sept, nous primes chacun des routes différentes ou presque, sans grand espoir de trouver un abri avant la nuit.
Ne me demandez pas pourquoi je pris le chemin du sud, je ressentais juste au fond de moi que c’était la bonne voie. Oh me direz vous, mais c’est vrai que ce bon vieux John est croyant, son Dieu l’aurait-il aidé ? Eh bien je vous répondrait que oui, je le pense sincèrement ; mon seigneur m’a montré la bonne route, me voici de nouveau en sécurité.
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