Qu'on se le dise, Arnold n'a jamais été un scientifique dans l'âme jusqu'au jour où on l'accueillit au bunker A. Le gaillard est né et a grandit à Los Angeles, où s'est toujours constitué sa famille. Jusqu'à récemment encore, il vivait dans le cocon avec ses parents et sa grande sœur Christa. Elle avait 27 ans, la dernière fois qu'il l'avait vu, la Christa. Une femme facile à mettre sur les nerfs mais qui couvait un peu trop souvent son petit frère. Lui, il aimait bien l'embêter par pure taquinerie. Et c'était dans sa nature d'être con. C'est pourquoi il était toujours entouré de cons. Ses deux meilleurs amis avaient le même humour de singes que lui, et la vie était belle. Au final, Arnold n'était qu'un type comme un autre, un peu fou sur les bords, qui avait la vie assez facile. Il n'avait pas de copine, mais se contentait de trois fois rien. Un road trip à trois, par exemple, ça c'était cool pour se donner des vacances.

Il était partit en trio avec les deux autres gogoles, James et Tony, dans un 4x4 paré pour une grande traversée des États-Unis. C'était la première fois qu'Arnold s'éloignait aussi loin et aussi longtemps de sa ville natale. En plus il n'avait pas grand chose à envier aux autres états, Los Angeles étant pour lui le lieu de vie parfait pour sa petite personne (et son petit cerveau). C'était donc avec excitation que les trois étaient partit pour aller un peu partout, sans s'être donné d'objectif précis. Le but était seulement de voyager et de se prendre en selfie toutes les 5 minutes, peu importe l'endroit. Ça les amusait, ça amusait Arnold, et ça prévoyait des vacances « fantastiques », comme disait souvent Tony. Jusqu'au jour où ça arriva.

Mais si, les polluants, l'air, les incidents, la mort, ces conneries quoi. Un matin dans leur petite chambre d'hôtel, le trio avait écouté aux infos qu'il était déconseillé de sortir. Ils étaient idiots, mais pas cons, alors ils obéissaient avec une légère inquiétude dans le ciboulot. Puis au bout de quelques temps, on vint les chercher. Ça allait mal, dehors. Et si on leur mettait pas un masque, ça allait l'être encore plus. Leur road trip s'était transformé en randonnée forcée des camps retranchés, et Arnold, James et Tony rejoignaient les troupes de touristes et autres habitants du coin confus de la situation. Mais en gros, la vie commençait à leur foutre un doigt d'honneur bien devant les yeux.

« Mais euh, on va pouvoir rentrer chez nous ? »
« À Los Angeles ? Navré messieurs, mais ici, vous y restez. Mettez-vous en ligne derrière le groupe B, là-bas. »

James allait rétorqué avec un « Oui mais » sauf qu'on leur agrippa les bras avec un petit ménagement, et Arnold fut séparé de ses potes. C'était si soudain qu'il pensait évidemment les revoir un peu plus tard, dans une grosse réunion de réfugiés. Ha ha. Parfois, être con s'avérait être problématique. Arnold ne revint jamais ses deux meilleurs amis qui, selon lui, ont dû être transféré ailleurs; mais sont donc bien en vie et en bonne santé, à l'heure actuelle. Il passa ainsi son 24ème anniversaire dans un abri pas très pro avec des rescapés de toutes les couleurs; avant d'être transféré quelques mois plus tard dans un bunker plus solide (appelé A, comme Arnold). Parce que de toutes manières, la pollution gagnait en néfaste et ce n'était pas dans le petit camp où il était qu'il allait survivre. Alors en début juillet 2021, il débarqua. Jamais il n'eut de bougies, ni serpentins, ni gâteaux, mais un cadeau : quelques jours après, on lui avait filé une blouse et une place dans le laboratoire, suivit de courtes présentations de ses nouveaux compagnons de jeu.

« Ce sont vos collègues. »
« Mes quoi ? Euuuh, je me souviens pas avoir postulé... »
« Eh bien vous faites partit de l'équipe de recherche maintenant. Travaillez-bien, on n'attend que le meilleur. »
« Le meilleur de moi ? Mais attendez... »

Au collège comme au lycée, il était bon en science. C'était une filière sympa, mais pas intéressante au point d'y envisager quelconque avenir. Qu'à cela ne tienne, ça allait lui servir, tout compte fait. Arnold se retrouva littéralement affublé du titre de « scientifique » au sein du bunker, qu'il le choisisse ou non. Si encore il détestait ce poste, ça compliquerait sa vie commune ainsi que les résultats dont on attendait patiemment l'arrivée de ses petits neurones... mais en fait, ça allait très bien. Même s'il a été prit au dépourvu, Arnold accepta sans trop de mal son nouveau job. En même temps, c'était soit ça, soit faire partit de l'équipe des Outsiders. Et autant dire qu'à choisir, Arnold aurait largement opté pour rester sous-terre.

Après avoir beaucoup entendu parlé des catastrophes et autres morts atroces causées par les événements, le gaillard de Los Angeles s'était finalement laissé tombé dans une terreur qu'il s'est lui-même inventé. Sortir ? Pas question ! Arnold avait décidé de faire de son mieux pour rester bien au chaud dans le bunker A, acceptant toute requête pour son travail imposé si ça lui permettait d'être en sécurité de manière permanente. Il se cachait toujours lorsqu'on avait besoin d'un remplaçant et, à force de faire reconnaître sa personnalité gamine et mascotte d'ambiance, n'était pas souvent dans les premiers choix pour être envoyé en éclaireur là-bas. Au moins, on le connaissait pour ses qualités de nouveau chercheur.

C'est tout ce qu'était Arnold actuellement, dans le bunker A : un type un peu singe, qui agace son entourage par sa nature enjouée et amusée, mais qui compense largement avec la dévotion parfaite qu'il fait à ses supérieurs. Et encore, c'est d'un lâche aussi grand que ses capacités; tant qu'il est à l'abri de l'air pollué qui flotte dehors, il reste obéissant et acharné. Arnold, c'est ça, c'est le petit génie qui a besoin d'être chouchouté. C'est le scientifique en papier qui fait de son mieux. C'est le grand mystère du laboratoire qui adore changer de couleur et se croire dans sa chambre alors que c'est son lieu de job. C'est Arnold.

Arnold, en fait, c'est un grand gaillard. Aussi physiquement qu'intérieurement, un mètre 78 de conneries visibles et invisibles. C'est assez grand, mais pas trop pour un américain pure souche, me direz-vous. Le meilleur là-dedans – ouais déjà - ? C'est qu'il n'est pas gros. C'est du muscle, par contre, pas du muscle. Pas du muscle genre « muscleeey », non, Arnold, il vit sous terre et il joue avec les éprouvettes; pas avec les haltères, il aurait vite fait d'en laisser tomber un sur son orteil sinon. Arnold est blanc, comme toute sa famille. Avec donc une carrure de bon grand bonhomme, mais il n'en est rien. Il a le beau corps pour les chemises (mais pas les blouses; étrangement, ça le rend stupide, physiquement) mais pas par utilité militaire.

Vous le remarquerez facilement au bout d'un couloir grâce à sa coupe qui a la particularité de changer de couleur comme s'il était un super-héros. À la manière d'un Clark Kent, vous rencontrerez Arnold un matin avec la chevelure partiellement bleue ou rose (rarement rouge), alors que la veille, c'était l'inverse. C'est qu'à force d'expérimenter, on sait se procurer sa propre teinture – ou une substitution quelconque, et quand bien même elle ne tiendrait pas, il change. Mais ses cheveux sont originellement noirs comme un gouffre nocturne. Et ses yeux, marrons comme... le... l'écorce des arbres encore vivants. S'il y en a. Yeux d'ailleurs accompagnés d'une paire de lunette classique. Car Arnold, il est « muscleeey » mais il est myope. Assez même; s'il ne les a plus, il distinguera seulement les formes des corps et visages, et se risquerait à cogner chaque coin de mur. Dans tout les cas, vu sa bêtise, il vaut mieux qu'il les garde.

Il ne se rase jamais complètement, et aura toujours le menton et le bas des joues ornées d'une barbe légère, avec la petite moustache qui va avec. S'il n'avait ni l'un ni l'autre, pour sûr qu'on le prendrait encore moins au sérieux que d'habitude – mais au final, ça ne trompe personne. Surtout pas lorsqu'il affiche trouze mille expressions cocasses à la seconde. À savoir avec tout ça si c'est un scientifique, ou bien le clown de service engagé pour remonter le morale des troupes dans le pire des cas. Il sera courant de le voir agiter les bras, c'est un peu le passe-temps pour combler le silence. Si c'est efficace ? Ça dépend à quoi ça sert.

Pour finir, Arnold s'habille à la manière de tout les jours. Sachant qu'il est habitué à la vie sous-terre et qu'il ne compte pas mettre un pied dehors – en tout cas, le moins possible – il porte bien les t-shirts et surtout les chemises (à carreaux s'il vous plaît) afin de se sentir à l'aise. Il met bien la blouse blanche lorsqu'il manipule dans le domaine scientifique, mais à part d'un usurpateur, ça ne lui donne pas beaucoup d'air. Ou alors celui de faire semblant. Ou de jouer au docteur. Dans tout les cas, quand bien même l'habit ferait le moine, même avec l'équipement adéquate, Arnold n'a pas la tête d'un chercheur. Et c'est pourtant ce qu'il est. Alors, même s'il ne vous inspire pas confiance dans les cas les plus extrêmes, dangereux et sérieux, accordez-lui quand même sa chance. Il y a beaucoup à dire d'un bonhomme qui, justement, se chouchoute pour rester à l'abri le plus longtemps possible.

En deux mots, Arnold est stupide, mais pas méchant. Il est aussi clown qu'utile dans son travail. Il n'est pas maladroit, c'est déjà ça, alors vous pouvez le laisser potasser dans le labo' tranquille. Lorsque Arnold est arrivé, il était un peu le gamin turbulent qui ne savait pas où se mettre, puis l'adolescent gêné qui essayait de faire ce qu'on lui disait. Enfin, et maintenant, il est l'adulte qui agit selon la formule suivante : « Le résultat sera celui souhaité, mais je ne promets rien du côté des dommages collatéraux. » Entre autres, ça se passe bien. Et de commentaires aussi. Non, plus sérieusement, Arnold est un féru de son matos depuis qu'on le lui a mit entre les mains. On le fait vivre pour ça maintenant, forcément il adore. Et même, ça l'amuse ! « Hé, hé, regarde. Si j'ajoute du sucre... PAF, la solution devient bleue ! » « … Oh putain Arnold, lâche-moi. » « Pfouh, ça va. » avant d'appliquer la dite chose pour ses cheveux.

Socialement, Arnold est ouvert. Peut-être un peu trop même. Il sait garder les secrets mais il parle fort, limite il ne parle jamais à une seule personne à la fois. L'entendre jacasser une bêtise est vite devenu courant, et c'est autant par volonté de détendre quotidiennement l'atmosphère que par réflexe. C'est dans la nature d'Arnold d'être un singe. Intelligent, toutefois, autrement on ne l'aurait pas foutu au laboratoire. D'ailleurs, aussi surprenant que ça puisse paraître, il n'est pas bordélique, son coin de labo'. Organisé et stupide, il fallait bien compenser l'avantage. Certes, il déblatérera des bêtises à toute occasion, mais il travaillera comme on lui le demandera à côté, et c'est un joli cadeau. D'ailleurs, c'est ce qu'il préfère : qu'on lui donne du travail. Ainsi Arnold sera sûr de devoir rester dans le bunker. L'extérieur ne le tente pas trop et il préfère trouver mille excuses qui l'empêcherait d'y foutre un pied. Ce serait pas étonnant de le voir soupirer un « Oui... ! » à peine discret lorsqu'on dialogue : « Et Arnold, il vient avec nous ? Didier est blessé, on a besoin d'un- » « Non, Arnold, il a la bouteille d'eau à décortiquer. » Donc pourrissez-le de taff, il le fera avec la joie d'être en sécurité.

Donc on peut dire qu'il a le côté lâche, Arnold, mais ce sera toujours compensé par des efforts ensuite. Et à chaque découverte, il viendra saouler la personne la plus proche pour la montrer. C'est un mioche de vingtaine passée qui aime se sentir utile lors de la survie mondiale. Alors autant il sert, autant il est tout à fait irresponsable sur les aspects dangereux de sa mission de tout les jours. Le dehors lui fait peur et il fouillera toute excuse pour rester dans le bunker. Il est pourtant esprit simple et communicatif, mais apparemment, ça ne fait pas tout. Pas évident, quand par moment, et surtout quand on va bien, y'a les fils qui se touchent.