Deux hiboux dans la nuit

ft. Vaas Montenegro

Tu vois ce genre de personne qui s’endort rapidement, qui ne se réveille pas et qui se lève le matin complètement reposé, ce genre de personne qui n’a pas à se soucier des bruits environnements, de la pression de son cerveau, d’une imagination bien trop débordante, c’est le genre de personne qu’Adrian n’est pas et qu’elle ne sera probablement jamais. La nuit était avancée, le matin venait juste de commencer. Aucuns indicateurs naturels de temps étaient présents dans le bunker, ils dormaient tous mais comment savoir si on était en plein milieu de l’après-midi. Le Soleil n’existait plus, la Lune non plus. Adrian les avait remplacée par des substituts, l’alarme du réveille matin ou les torches des gardiens de nuit. Et comme chaque nuit, lorsque la lumière de la Lune vacillait sous la porte de son compartiment, Adrian s’était redressée sur son lit. Dans la chambre, elle savait qu’elle n’était pas la seule personne à ne pas dormir, elle savait également que certaines dormaient mieux que d’autre dans certaines conditions. Elle ne tient pas à les dérangés plus que ça, alors elle se leva.

Son cerveau s’était, comme d’habitude, mit à réfléchir en pleine nuit. Elle avait dans le coin de celui-ci une idée ingénieuse pour son futur projet. Un projet secret car bien trop compliqué à réaliser dans de telles conditions mais Adrian ne se soumettait que rarement à l’échec. En se levant, elle avait quitté ses habilles de nuit pour enfiler ses vêtements habituels de mécano. A force de surveiller les Lunes virevoltés dans la nuit, elle commençait à bien connaitre les habitudes des gardes et c’est, non sans quelques frayeurs d’apparaitre dans le rayon de lumière, qu’elle parvient à se rendre dans la grande salle d’entrainement. Faute de vrai atelier, elle regroupait souvent ses recherches dans cette salle et les rangeait dans un coin pour ne pas qu’ils perturbent les séances d’entrainements.

Bien qu’elle sache qu’elle n’allait pas faire long feu dans la nuit sans se faire surprendre, Adrian tira sur une table les plans de son futur propulseur. Elle avait quelques instants avant de se faire prendre et cette idée qui lui trottait dans la tête était bien trop précieuse pour la laisser filer. Elle avait une petite torche dans la main, le genre de torche qu’on utilisait comme porte clef avant la catastrophe, elle la posa sur la table et de ses deux mains s’afféra à retranscrire sur papier ce qu’elle avait dans la tête. Mais cette expérience était bien trop prenante, elle traçait ses trais, calculait rapidement et se prit de passion par ce projet, à tel point qu’elle ne fit plus attention à la nuit et aux lumières vacillantes qu’elle s’efforçait d’imaginer en Lunes errantes. Son crayon courrait sur le papier, ses cheveux tombaient devant ses yeux, elle les passait d’un geste rapide et répété des millions de fois derrière ses oreilles. Plus rien n’avait d’importance que ce crayon et ce bout de papier, ils étaient devenu comme une extasions de son être seulement éclairés par une faible étoile, celle de l’espoir qu’un jour le ciel s’offrira à elle.

Deux hiboux dans la nuit

ft. Vaas Montenegro

Le crayon dansait sur la feuille, un petit projecteur les éclairait timidement. Si Adrian pouvait écrire encore plus vite, elle le ferait. On dit que la nuit porte conseil, les meilleures inventions d’Adrian se concrétisaient la nuit. Son cerveau marchait à une vitesse folle, elle était parfaitement réveillée, rien n’aurait pu la perturbée, rien à part un gardien. Non, elle ne vit pas celui-ci se glisser dans l’ombre, elle ne le sentit pas s’approcher, elle était bien trop concentrée pour faire attention au changement autour d’elle et aucune Lune ne l’avait éclairée. Mais cette voie dans la nuit la tira du ciel qui s’ouvrait à elle. Un oiseau de nuit qu’elle disait, un oiseau perdu dans l’obscurité et seul la petite étoile de la lampe éclairait son prédateur.

Adrian fit un bond, elle ne s’attendait pas à ça. Enfin si, elle s’attendait à ce qu’un gardien la trouve enfin mais cette approche n’était pas commune. Dans la surprise, elle avait attrapé sa lampe torche d’une main et tenait son crayon tel une arme dans l’autre. De sa faible lueur, son porte clef dévoila le visage peut rassurant du garde de nuit, Vaas. Son cerveau se remit vite de ces émotions et elle baissa la main tenant son crayon. Elle le connaissait, il était dans le bunker avant son arrivé et elle était déjà tombée plusieurs fois sur lui dans les couloirs de nuit, enfin c’était plutôt lui qui était tombé sur elle vu qu’elle ne respecte pas le couvre-feu.

« Vaas, bien qu’elle semblait totalement réveillée, ça voie était encore engourdie, tu m’as fait… peur. » Ouais c’était ça, cette sensation étrange qui l’avait fait instinctivement sursauter. Elle savait que les hommes développaient des réflexes que l’on nommait « instinct de survie », c’était donc ce qui s’était passé plus tôt, juste un réflexe. Et lui il était surement là pour la ramener, par la peau du cul, dans son compartiment, c’était son rôle. Elle le connaissait que de vu, voire de nom, elle n’avait jamais vraiment parlé avec lui sauf pour le persuader quelques fois de la laisser faire ses escapades de nuit. Elle savait que quelque chose clochait chez lui, des rumeurs en parlait mais Adrian n’avait toujours pas réussit à le cerner. Elle tenta quand même sa chance aujourd’hui encore.

« Je dois… je dois finir tout ça ! Il faut absolument que je réussisse à relier le système de propulsion à celui de la combustion tu comprends ! » Elle agitait son crayon devant elle faisant des allées retours dans le vide entre les deux parties du plan, elle leva les yeux vers le gardien et comprit que cette discussion n’aller l’amener nulle part. Peut-être pouvait-elle négocier un échange de service, c’était souvent comme ça que ça se passait dans le bunker.
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Deux hiboux dans la nuit

ft. Vaas Montenegro

Non, Adrian n’est pas très expressif mais elle a ses petites mimiques qui la caractérises. Ses soupires, ses sourcils qu’elle fronce, ses yeux qu’elle plisse et ce visage froid, éclairé par ses pupilles d’un marron miel, seule lueur sur son visage. Non, Adrian n’est pas très douée avec l’expression de ses sentiments, elle n’est tout simplement pas douée avec les sentiments. Elle n’est qu’un robot, qui ne connait que les boulons, l’huiles, la combustion, elle n’est humaine qu’occasionnellement, jadis devant ses parents. Jadis, devant la famille mais aujourd’hui, sa famille est une escouade. Oui, Adrian a du mal à contrôler ses réactions, oui elle a dut se concentrer quand son interlocuteur, prédateur de nuit, escalada d’une main la table, venant se percher sur celle-ci. Mais la façon dont il a pu percevoir l’expression d’Adrian lui importait peu, elle se foutait de l’image qu’elle renvoyait aux gens, à part pour certaines situations. Et en l’occurrence cette situation nécessitait de ne pas paraitre surprise.

Elle se contrôla, restant statique face au gardien, seul deux battements de cil la trahissaient. Ce qui pouvait être le plus marrant ? Lui tenir tête. Et lui de tenir tête à elle. Il lui sortit une explication, ok là elle fut vraiment surprise, elle leva un sourcil. Bien sûre qu’elle le savait, elle avait juste baragouiné deux trois trucs pour qu’il la laisse tranquille avec son jargon de mécano, ça marchait habituellement, pas avec lui on dirait. Elle était donc tombée sur un petit malin. Pas si petit que ça. En plus, il lui avait piqué son stylo ! Elle lâcha un soupir, un de ceux qui voulait dire : merde, je vais faire comment maintenant pour m’en débarrasser.

« …Je disais ça pour me débarrasser de toi. L’honnêteté est la meilleure arme. Ça marche bien habituellement. D’un geste sec, elle reprit son crayon. C’était SON crayon et c’était la mouise totale pour en trouver un comme ça dans ce bunker. Même si Vaas foutait le jeton, elle ferra n’importe quoi pour ce crayon. A moi. Elle l’agita devant son nez pour créer une certaine distance entre son visage et le sien, beaucoup trop près, avant de le place dans la poche arrière de son pantalon. Si tu es si malin que ça, calcule-moi les litres d’essences besoins pour propulser un gas comme toi à l’autre bout de la salle avec cette machine. » Impossible sans crayon et sans les données exactes de la machine, marquées sur le plan, Adrian avait juste fait une métaphore pour qu’il comprenne qu’il la gênait pas mal, assis comme ça sur la table devant les plans. Mais elle, avait la réponse.  
 

Spoiler:

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ft. Vaas Montenegro

D’où viennent les sentiments humains ? Par quelle mécanique apparaissent-ils ? Quel est l’engrenage enclenché ? Adrian ne comprend pas, elle ne connait pas cette mécanique, cette science et cela l’afflige de ne pas savoir. Elle a appris un jour que l’Homme est attiré par le danger, quel stupide tentation que le danger. Mais alors, pourquoi ces réflexes de survies ne s’activaient pas face à cet homme réputé dangereux. Pourquoi Adrian ne tentait-elle pas de se défendre, de s’éloigner de l’intimider alors qu’il s’approchait encore d’elle ? S’imposant de sa hauteur, la mécano ne faisait que lever les yeux, elle ne détournait pas le regard comme pour défier son prédateur, tel un faon conscient du danger mais renonçant à la fuite. Elle était piégée.

Elle échappa un petit soupir lorsqu’il se retourna pour étudier le plan. C’était mauvais, très mauvais. Un flot d’émotion se bousculaient dans sa tête et aucuns de ces sentiments n’étaient vraiment compréhensibles pour elle. Elle reprit très vite ses esprits, balayant mentalement toutes ces questions et, malgré tout, elle s’approcha de Vaas.  Elle avait sorti son crayon de sa poche et s’apprêtait à calculer les données manquantes quand elle se redressa d’un seul coup. C’était trop facile, il la manipulait. C'était à son tour d'attaquer. Adrian tourna la tête vers lui et appuya la pointe de son crayon sur son torse. Elle le toisa de haut en bas.

« D’après mes estimations tu dois faire un peu plus d’un mètre quatre-vingt pour quoi… environ 80 kg ? Donc même en prenant en compte les données sur ce plan, la pureté de l’essence et le matériel à ma disposition, je peux te dire que pour le moment, tu ne décollerais même pas du sol. Elle leva un sourcil pour marquer une touche d’arrogance, moyen rassurant de lui tenir tête. Tu es trop lourd. »  

Elle fit un mouvement de la tête vers ses plans, elle n’avait pas lâché la position de son crayon, qu’elle prenait comme une position de force pour se rassurer. « Ce truc est improbable à construire dans un bunker mais je vais le faire. » Et ouais mon gars, tu as devant toi Adrian la grande mécano du bunker A, outsider Alpha, c’est une pointure et toi, tu n’es qu’un simple gardien de nuit et il n’y a pas de raison que tu me face peur !
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ft. Vaas Montenegro

Mais ça fait mal une pointe de crayon bien taillée non ? Il n’était pas censé s’approcher encore plus avec une mine de crayon à papier qui lui rentre dans le torse ! Ce fut le comble de l’incompréhension. Son attaque était inutile, elle était frustrée, vexée et très surprise. Elle faisait tout pour ne pas le laisser paraitre mais tant d’émotion d’un coup ne peut pas passer inaperçue. Elle fronça des sourcils, expression qui fait partit de ses mimiques habituelles ce qui avait tendance à la rassurer, et essaya même d’appuyer un peu plus fort sur la pointe de se crayon mais elle fut bien vite consciente que c’était inutile. Et elle resta immobile quand sa main s’approcha de son visage, immobile de stupeur ou de peur, elle ne savait pas et ce n’était pas l’important. Le contact lui fit l’effet d’un choc électrique. Il venait de la menacer ou quoi ? Il la menaçait ! En temps normal elle aurait réagi rapidement, privilégiant la parole à la violence mais face à un homme, un choc frontal n’était jamais sans mal. Pourquoi alors restait-elle béate ? Surement parce que personne n’avait jamais osé l’approcher d’une telle façon.

Ne t'approche pas plus. C’était bien trop dangereux. Adrian le savait, malgré ses attaques, rien n’atteignait vraiment ce gardien. Elle ne savait pas comment réagir, ce qui était surement la première fois que ça lui arrivait, alors quand finalement elle lâcha son emprise sur elle, Adrian se sentie si soulagée. Une brume embourbait son esprit, brume inconnue, elle avait du mal à remettre les choses aux claires alors que Vaas pliait ses plans. Elle sortit d’un coup de ses pensées, rangea son crayon et attrapa les plans que le gardien lui tendait. Il jouait son rôle, malgré son manque de sérieux, elle se devait d’obéir bien qu’elle ne voulait pas. Mais Adrian est Adrian.

« Mais je dois finir ces plans, c’est importants ! La voilà reconvertie en petite fille implorant les adultes de rester debout encore un peu plus tard. Puis c’est bientôt 5 heure, je peux rester debout jusqu’au matin ! Je ne ferai pas de bruit ! » C’était un discoure que les gardes de nuits connaissaient par cœur, elle avait tellement de fois tenté de négocier ! Ses plans dans les bras, ses instruments de géométries dans les mains, elle leva une dernière fois les yeux vers le gardien de nuit, elle n’était absolument pas douée pour jouer la comédie, son visage neutre ne trahissait jamais trop mais ce soir, malgré sa compagnie improbable, elle voulait vraiment rester debout, jamais elle n’aurait pu s’endormir après ce qu’il venait de se passer.

Deux hiboux dans la nuit

ft. Vaas Montenegro

Ce n’était pas la peine d’essayer de comprendre ce qui se passait dans sa tête. Cause perdue. Elle s’était fixé un objectif et elle faisait tout pour y arriver. Le reste n’était que futilité à ses yeux, ou presque. Ouais parce que si une personne, pratiquement inconnue, réputé dangereux, t’approchait aussi près dans un but inconnue, tu ne ferais pas le malin. Et bien elle non plus ne faisait pas la maline. Adrian se concentrait pour ne pas fuir son regard, elle lutait contre une sorte d’excitation et de crainte absurdes. Trop absurdes pour une telle situation. Comment pouvait-on être attiré par l’interdit, le danger ? La nature humaine l’échappait.

Elle savait qu’il allait l’envoyer directement dans son compartiment, c’était son rôle et c’était ce qu’il faisait habituellement. Elle s’attendait à se faire remonter les bretelles par le gardien mais pas à ce qu’il la laisse jouer encore dans la nuit. Elle fut surprise, elle se demanda même si ce n’était pas un piège, mais l’information principale était passée, elle pouvait rester bidouiller ses plans. Sans attendre plus longtemps, elle reposa ses affaires sur la table, déroula un des plans rapidement. Elle voulut alors lancer un regard au gardien, un regard qui se voulait de remerciement mais le visage de celui si apparut dans son champ visuel, bien trop près d’elle encore une fois. Elle eut un petit recule.

Il la mise en garde, Adrian fronça des sourcils. Elle ne savait pas trop comment réagir, elle ne voulait surtout pas acquiescer comme une petite fille sage et en même temps, elle acceptait sa condition. Sa machine était pour le moment réduite à quelques plans, elle n’avait encore aucun support réel sur lequel travailler, elle ne risquait pas de faire de bruit en froissant quelques feuilles de papier. Elle resta donc un instant, comme ça, sans bouger en maintenant le regard de ce gardien réputé comme étant une sorte de psychopathe. Elle s’était jurée de ne jamais juger quelqu’un par son apparence ni d’écouter les rumeurs et pourtant, une méfiance presque naturelle commençait à s’installer.

« Je ne risque pas de faire beaucoup de bruit avec ça, elle fit glisser une feuille de papier sur un de ses plans, le froissement était à peine audible, tu fais limite plus de bruit que moi. Adrian, toujours dans l’arrogance. Mais je serai sage, promis. » Elle avait prononcé cette dernière phrase avec une hypocrisie la plus totale. Parce qu’étrangement, elle se plaisait beaucoup à le défier, lui tenir tête malgré ses défaites répétées. Elle baissa enfin la tête sur ses plans, se libérant de son regard trop prenant, elle avait même esquissée un sourire en coin. Ouais parce que même si elle ne fait pas forcément la maline quand il la menace, le danger l’attire, décidément la nature humaine l’échappe vraiment.