Alors qu’elle rangeait son troisième biscuit dans la petite boîte qui avait été disposée à cet effet, la rouquine leva les yeux pour croiser ceux d’une enfant qui la dévisageait d’un air curieux. Qu’avait elle? Une tâche sur le nez? Souriant doucement à l’enfant elle allait reprendre son affaire lorsque celle ci lui posa une question … Pour le moins déconcertante. C’était là la richesse des enfants, pour qui tout était nouveau et exceptionnel et qui pouvait vous désarmer sans même s’en rendre compte. Lena esquissa un petit rire. Effectivement, avait elle eu mal ? Elle tenta de se remémorer le jour où elle s’était faites percer le nez, rebelle désirant montrer à quel point elle n’aimait pas la société, et sans doute défier un peu ses parents, il lui semblait avoir versé une larme. Fronçant les sourcils elle voulut retrouver la sensation exacte, mais tout ses souvenirs de cette époque étaient flous. Quand elle était rentrée, sa mère avait hurlé, et son père en avait fait de même. En réalité ce qui les avait dérangé n’était pas le bijou grossier qui pendouillait lamentablement de son arête nasale mais bien le fait qu’elle ne leur en ai pas parlé. Elle avait gardé le même anneau des années durant, sans vraiment savoir pourquoi elle ne l’enlevait pas. Elle ne trouvait même pas ça particulièrement joli, mais c’était devenus une habitude que de l’avoir accroché là.

Ca ne me fait plus mal maintenant mais quand on me l’as accroché ça a fait comme … une très vilaine piqûre je dirais.

Etait ce appropriée de s’adresser ainsi à une enfant ? Ne risquait elle pas de l’effrayer ? Elle n’en savait rien, elle ne connaissait rien aux enfants. Tout ce qu’elle connaissait étaient les animaux, et eux ne se vexaient jamais, pour peu qu’elle ne fasse pas de mouvements trop brusques. Mais les règles n’était pas les mêmes avec les petits humains. Elle fixa le bonhomme en pain d’épice dans ses mains pendant quelques secondes, se demandant si elle ne devait pas dire quelque chose. Sociabiliser. Ce n’était pas si difficile, avant.

Euh je … ton gâteau est vraiment super joli ! Il faut que tu me montres comment tu fais, j’ai peur de ne pas être aussi douée que toi …

Se mordillant le coin de la lèvre, elle utilisa un peu trop de miel pour la confiserie suivante, s’attirant le regard foudroyant d’une des cuisinières. Non, clairement, elle n’était pas douée pour ça, et pour se faire des connaissances non plus. D’ailleurs, une jeune femme à côté d’elle lui semblait être une de ses compagnes de chambre. Si elle observait bien elle ne voyait même une deuxième. Elle ne leur avait jamais vraiment parlé, peut être un bonjour du bout des lèvres ou quelque chose comme ça … Elle se rendit désespérément compte qu’elle ne connaissait même pas leur nom. Pourquoi était ce devenus si difficile depuis son arrivée dans le bunker ? Elle tenta de se forcer à sourire, y parvint avec un air seulement à moitié convaincant.

Ce sera bientôt l’heure de fêter Noêl, c’est bien qu’on trouve le temps de se consacrer à cette fête non ?

Enfin, elle n’aurait pas dû être là théoriquement. Elle aurait dû être dehors, avec les autres outsiders, elle aurait dû risquer sa vie pour sauver les habitants du bunker et ses coéquipiers. Faire quelque chose de reconnaissable et de bien. Au lieu de ça elle restait ici à préparer des sablés. Enrageant. Avilissant. Es ce que c’était pour ça qu’ils lui avaient interdit de partir ? Pour la forcer à apprendre au plus vite et pour ne plus ressentir cette émotion désagréable ? Tout ce qu’elle espérait c’était que tous reviendraient en vie pour ne pas avoir à supporter en plus le poids de la culpabilité.